Selon des chercheurs américains, la narcolepsie serait bien une maladie auto-immune. Une découverte qui permettrait d’établir le lien entre le vaccin contre la grippe A et cette pathologie du sommeil. La narcolepsie est un trouble neurologique caractérisé par le besoin irrépressible de dormir. Cette nécessité apparaît à n’importe quel moment de la journée et n'importe quel endroit comme au travail ou dans la rue. Elle s’associe à une cataplexie, c'est-à-dire à une perte soudaine de tonus musculaire qui peut aller de la faiblesse musculaire à un effondrement total. Le langage et la vision peuvent aussi être troublés.
Généralement, cette maladie se manifeste à l'adolescence. Elle concerne deux fois plus d'hommes que de femmes et affecte environ 30.000 Français. Néanmoins, à l'heure actuelle, les origines exactes de cette pathologie sont assez mystérieuses. Selon les recherches menées, elle serait liée à des anomalies génétiques mais d'autres causes notamment environnementales pourraient aussi intervenir. C’est en cherchant à en apprendre davantage que des chercheurs de l’université Stanford (Californie) ont réalisé une avancée intéressante. Des lymphocytes T anormaux Selon leur étude publiée dans la revue Science Translational Medicine, la narcolepsie serait liée à une réaction inappropriée du système immunitaire qui se retournerait contre l'organisme. Autrement dit, il s'agirait d'une maladie auto-immune. Pour en arriver là, les chercheurs sont partis des résultats obtenus lors d'études précédentes qui ont montré que la narcolepsie était en partie due à la mort de certains neurones. Or, les cellules cérébrales détruites produisent de l’hypocrétine, un neurotransmetteur qui stimule l'appétit et surtout l'éveil. En explorant les mécanismes impliqués, les scientifiques américains ont découvert que les narcoleptiques présentaient un taux élevé de lymphocytes T anormaux qui réagissaient à l'hypocrétine. Lorsque ce peptide est libéré par les neurones, l'organisme réagirait comme s'il s'agissait d'un agent étranger à éliminer. Il activerait alors le système immunitaire et les lymphocytes T qui s'en chargeraient. La narcolepsie serait donc bien une maladie auto-immune. Une hypothèse qui ne date pas d'hier mais qui n'avait jamais été confirmée avec certitude. "Jusqu'ici, l'idée que la narcolepsie est une maladie auto-immune n'était qu'une hypothèse convaincante, mais ceci est la première preuve directe de l'auto-immunité. Je pense que ces cellules sont la preuve irréfutable", a expliqué Elizabeth Mellins, immunologiste de l'équipe cité par Nature. Un lien avec le vaccin anti-grippe Mais la découverte ne s’arrête pas là. En 2011, suite à la pandémie grippale, plusieurs pays ont constaté une hausse du nombre de cas de narcolepsie chez les individus vaccinés (avec le Pandemrix) contre la grippe H1N1. Un lien qui a ensuite été confirmé par plusieurs études dont une française publiée en juillet dernier. Or, les chercheurs américains ont constaté que le vaccin contenait un fragment d’une protéine grippale proche de l’hypocrétine. Le vaccin aurait donc pu favoriser l'apparition d'une réponse inappropriée du système immunitaire et déclencher la maladie chez certaines personnes. Toutefois, seules quelques unes sont devenues narcoleptiques suite à la vaccination. De plus, le vaccin anti-grippe A n'est pas le seul à contenir la protéine. Il est donc possible que d’autres éléments soient à prendre en compte dans l’apparition de cette maladie, notamment des facteurs génétiques comme l'ont suggéré les précédentes recherches. Les chercheurs vont donc poursuivre les travaux afin notamment de mieux comprendre comment les lymphocytes T s'attaquent à l'hypocrétine. "Ils n'ont pas montré comment les cellules T tuent les neurones à hypocrétine. C'est comme si nous avions un mystère autour d'un meurtre et que nous savions pas qui est le vrai meurtrier", Thomas Scammell, neurologue de la Harvard Medical School. Vers un meilleur diagnostic ? Selon ce spécialiste, les cellules T pourraient ne pas être les responsables directs mais faire appel à un intermédiaire. "Les résultats sont très importants mais ils doivent réaliser une nouvelle étude dans un groupe plus large de patients et de contrôle. Si les découvertes se confirment, la première retombée importante pourrait être le développement d'un nouveau test de diagnostic", a ajouté Gers Lammers, neurologue du Leiden University Medical Center.
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